640004 - Soule-Basse Navarre

Présentation

Ce texte fait partie de "L'historial de la section Béarn - Soule", et a été rédigé en juillet 2023 par des membres du comité Soule Basse Navarre, sous la coordination de M. Alain CHANTEREAU, président du comité.

Rappel

Notre professeur émérite de l'Université, et vice-président d'honneur de la Section SMLH 6400, Christian DESPLAT avait émis la suggestion de réaliser un historial, à l'occasion du centenaire de la Société des membres de l'Ordre. La crise de la Covid-19 a perturbé nos travaux, mais n'a pas atténué notre volonté de faire avancer ce projet encore en cours d'élaboration.

Il s'agit, sans vouloir faire œuvre d'historiens, de marquer quelques points d'histoire pour les conserver dans la mémoire de notre association et éventuellement les faire connaitre. Noms des décorés en Béarn Soule et Basse Navarre, vie locale et projets auxquels ils ont participé, sont en effet des éléments témoins d'une forme d'engagement des membres de l'Ordre, qui mérite d'être gardée en mémoire et peut-être interprétée par chacun pour s'en inspirer.

Le principe est de conserver aux rédacteurs d'articles de cet historial, leur signature et la personnalité de leurs travaux, ce qui, sans nuire à l'unité de l'ouvrage, permettra de montrer l'initiative et l'engagement humain en route dans toute sa vitalité.

Pour toute demande d'amendement ou réclamation, merci de vous adresser à: president.semlh6400@gmail.com

 Le Comité Soule Basse Navarre

Présentation générale

 

La SMLH, comme vous le savez, est organisée en sections et en comités et il y a, dans l’immense majorité des cas, une seule section par département.

Il y a cependant quelques exceptions au rang desquelles figurent les Pyrénées Atlantiques qui compte deux sections. D’autres organisations y connaissent d’ailleurs cette dualité. Elle repose habituellement sur un critère historique assez simple, l’existence de deux entités territoriales : le Béarn et le Pays Basque. S’agissant de l’organisation de notre association, dès lors qu’elle comporte deux sections, on pourrait ainsi croire d’emblée que leur compétence a été organisée autour de cette distinction territoriale.

Ce serait trop simple.

Le Pays Basque, dont il faut rappeler qu’il est partagé entre France et Espagne, comprend en effet sept provinces, soit quatre de l’autre côté des Pyrénées (Alaba, Biscaye, Guipuscoa et Navarre) et trois sur le territoire national (Labourd, Soule et Basse Navarre).

Dans ce cadre, l’organisation de la SMLH départementale apparaitra donc comme quelque peu originale puisque :

  • La province maritime du Labourd constitue, autour de Bayonne, Biarritz, Hendaye, Saint-Jean-de-Luz…la Section de la Côte Basque ;
  • Les deux autres provinces basques, la Soule (Mauléon) et la Basse Navarre (Saint-Jean-Pied-de-Port) forment, avec le Béarn, la Section Béarn-Soule.

Ainsi, au sein de cette section, la compétence du Comité Soule-Basse Navarre s’étend elle sur ces deux provinces basques de « l’intérieur », Soule et Basse-Navarre.

Réunies, ces deux provinces comportent 117 communes (42 et 75 respectivement), s’étendent sur un peu moins de 2 200 km2 pour une population de 46 000 habitants environ.

Notre Comité comporte une trentaine de membres. La moyenne d’âge s’établit à 80 ans et les sociétaires sont dispersés sur une large zone géographique

Sur ce découpage original, permettez-moi une petite parenthèse.

La section dont relève le Comité est donc une authentique section « basco-béarnaise » qui « partitionne » ainsi le pays basque entre Labourd d’une part (Section Côte Basque), Soule et Basse Navarre d’autre part. Sa désignation officielle est curieusement « Béarn Soule ».

 

 Carte SBN

 

Que les bas navarrais ne soient pas inquiets pour autant car si le nom de leur province n’apparait pas dans celui de la section, il n’est pas omis dans l’appellation de notre Comité. Au cours des années, la dénomination du Comité a d’ailleurs évolué, passant de l’appellation « Comité de Mauléon » (qui lui a été donné à sa création en 1923) à celle de « Comité Soule Basse Navarre » qui rend plus fidèlement compte de la réalité géographique de son périmètre. Pour achever cette mise à niveau, il faudrait donc maintenant que la Section adopte le nom de « Section Béarn Soule Basse Navarre. »

La proposition est lancée !

 

Caractéristiques du Comité

 

Comme précisé ci-avant, Soule et Basse Navarre s’étendent sur près de 2 200km2 pour 117 communes et 46 000 habitants environ.

A titre de comparaison, la troisième province basque, le Labourd, qui constitue la Section « Côte basque », regroupe 245 000 habitants sur 860 km2 environ. Il faut rappeler à cet égard qu’elle possède les communes les plus importantes du Pays Basque Français (Bayonne et ses 50 000 habitants, Biarritz, Anglet, Hendaye, Saint-Jean-de-Luz entre 14 000 et 40 000 âmes).

En comparaison, les communes les plus importantes de la Soule et de la Basse Navarre (Mauléon, Saint-Jean-Pied-de-Port, Saint-Palais…) ont une population qui se situe entre 1 500 et 3 000 habitants.

Au fil des années, le nombre de sociétaires du Comité s’est progressivement stabilisé autour d’une trentaine. Répartis sur plus de 2 000 km2, ils résident dans 25 communes différentes. Ainsi, la densité moyenne de notre population sociétale SMLH s’établit à un sociétaire par 70 km2.

On n’est pas très loin non plus d’un taux de présence de un sociétaire par commune concernée et seules les communes d’Amendeuix, Ispoure, Mauléon, Saint-Palais et Tardets sont multireprésentées à hauteur de 2 ou 3 sociétaires.

Il est donc rare de trouver plus de 2 sociétaires en proximité immédiate et il n’existe de ce fait, même sur les communes les plus importantes du périmètre comital, aucune concentration de sociétaires permettant d’organiser des actions collectives en rassemblant quelques bonnes volontés comme cela est possible, au moins statistiquement, à Pau, Bayonne ou Biarritz par exemple.

C’est une situation de fait qu’il faut avoir à l’esprit pour aborder avec humilité la nature et le volume des actions susceptibles d’être menées. Celles-ci sont avant tout le fait de ceux qui, au fil du temps, ont animé le Comité comme Président, Secrétaire ou Trésorier.

 

Les Présidents successifs

 

Le présent historial concernant la période centennale qui a suivi la création de la SMLH en 1921, il a paru intéressant d’identifier ceux qui ont présidé le Comité Soule Basse-Navarre et avant lui celui de Mauléon (créé en 1923). Les archives disponibles ayant permis de mener à bien ce travail, ils sont répertoriés ci-dessous, avec leurs fonctions et dates de mandat lorsque ces informations étaient connues.

 

  • Alain CHANTEREAU : Administrateur général des Finances publiques honoraire (à partir du 28 octobre 2017) ;
  • Roger JOSEPH : Médecin en Chef des Services (25 novembre 2010-28 octobre 2017) ;
  • Pierre BIDART, Professeur des Universités (28 mars 2010-6 septembre 2010) ;
  • Dominique DIBAR, Lieutenant-Colonel (7 avril 2004 - 28 mars 2010) ;
  • Pierre MERIOT, Officier des Equipages (17 octobre1991 - 7 avril 2004)
  • Edmond DE BERTERETCHE DE MENDITTE, Lieutenant-Colonel, (13 décembre 1981 - 15 juillet 1991) ;
  • Pierre MONTJEAN, Général (1957- février 1981) ;
  • Monseigneur ETCHEBER (1952-1956) ;
  • LABOURDETTE, Inspecteur Principal de la Garde Indigène (1940-1951) ;
  • le Docteur HEUGAS (1923-1940).

Cette liste des Présidents successifs du Comité est assez révélatrice :

  • D’une belle fidélité à la fonction puisque sur 100 ans, on trouve dix titulaires du poste, ce qui fait un mandat moyen de 10 ans qui ne doit toutefois pas marquer une fourchette très large allant de 5 mois et quelques jours à 24 années ;
  • De la diversité des profils qui tend à confirmer, s’il en était besoin, le caractère éminemment universel et transversal des mérites qui fondent  nominations et promotions dans l’ordre de la Légion d’Honneur. Parmi les dix présidents, on trouve en effet cinq militaires, deux médecins, un religieux, un professeur et un administrateur des finances publiques. 

 

Les activités du Comité Soule Basse Navarre

 

La SMLH est une association régie par la loi de 1901 et reconnue d’utilité publique.

Elle réunit tous les décorés de la légion d’Honneur qui souhaitent, au-delà de la remise de la décoration, continuer à mettre au service de la société, l’engagement qui leur a été reconnu.Elle compte aujourd’hui environ 45 000 membres au plan national dont 800 pour les Pyrénées Atlantiques. Elle est présente dans chaque département où elle est organisée en sections et en comités.

Créée en 1921, la SMLH a été, à l’origine, une association d’entraide vis-à-vis de ses membres.Nous étions en effet au lendemain de la première guerre mondiale. L’ordre de la Légion d’honneur comptait, parmi ses décorés, nombre de blessés, amputés, gazés ou aveugles. Beaucoup tombèrent dans le dénuement et la misère, en l’absence de ressources pour vivre.

C’est dans ce contexte difficile que fut créée la SMLH. Par esprit de solidarité, elle allait permettre aux décorés les plus favorisés de soutenir, par leurs dons et cotisations, les plus démunis.

Les missions de la SMLH sont inscrites dans ses statuts :

  • Concourir au prestige de l’Ordre national de la Légion d’Honneur et contribuer au rayonnement des valeurs et de la culture de la France ;
  • Promouvoir les valeurs incarnées par la Légion d’Honneur et contribuer au développement de l’esprit civique et patriotique ;
  • Participer à des activités ou des actions de solidarité nationale tout en renforçant les liens d’entraide entre ses membres.

La SMLH est donc restée clairement une association de soutien vis à vis de ses sociétaires mais au fil des ans, cette fonction originelle s’est enrichie et l’association s’est ouverte et engagée, notamment et résolument, sur les terrains de la solidarité intergénérationnelle et du renforcement du lien social.

Elle le fait au moyen de trois leviers support :

 

  • Le premier, « l’honneur en action », vise à aider ceux qui sont dans le besoin, qu’il s’agisse de réinsertion professionnelle ou d’aide aux personnes en situation de précarité ou de handicap ;
  • Le second, « en marche vers l’emploi », est un dispositif de soutien aux jeunes en recherche d’emploi, de formation ou de stage ;
  • Le troisième enfin, la fondation « un avenir ensemble » est un dispositif de parrainage qui permet d’augmenter les chances de réussite de lycéens ou étudiants méritants venant de milieux modestes.

 

C’est bien sûr dans ce cadre national et en cohérence avec celui-ci que s’inscrivent les activités déployées par les différentes sections du territoire et il en va de même pour les actions mises en œuvre dans les comités qui constituent les échelons premiers de contact avec les légionnaires et le Comité Soule Basse Navarre est bien dans cette logique.

Tout au long de l’année, il va ainsi régulièrement à la rencontre de ses adhérents, qu’il s’agisse des assemblées générales, des visites à l’occasion de la nouvelle année qui donne lieu à la traditionnelle distribution des chocolats, des appels téléphoniques comme ceux organisés lors du confinement imposé lors de la crise sanitaire du COVID. Le Comité est également présent pour les manifestations patriotiques ou lors des remises de décorations.

Mais les Comités sont aussi sur le terrain pour des actions moins traditionnelles et j’en donnerai trois illustrations très concrètes concernant le Comité Soule Basse Navarre. Elles sont liées au rayonnement de l’ordre, au devoir de mémoire et à la reconnaissance de celles et ceux qui ont fait preuve d’un courage exemplaire dans les événements historiques que la France a connus, à l’intergénérationnalité et au soutien des jeunes méritants enfin. Elles illustrent assez bien le champ d’intervention de la SMLH sur des domaines allant beaucoup plus loin que l’entraide entre ses membres qui en est l’ADN au départ.

  1. Organisation d’une fête champêtre de la Légion d’Honneur

C’est en 2014 que, constatant que la Légion d’Honneur, comme la SMLH, son rôle et ses actions n’étaient finalement pas forcément bien connus du grand public, le Président du Comité a eu l’idée d’organiser en Soule une petite fête de la Légion d’Honneur visant à remédier à cette situation de manière ludique et attractive. L’évènement s’est déroulé à Tardets : il a comporté un spectacle de danses souletines, une partie de pelote basque à petits gants et une exposition en salle sur la Légion d’Honneur. Cette fête champêtre un peu inhabituelle a accueilli beaucoup de visiteurs et a indiscutablement contribué, par une communication adaptée, à faire connaître la Légion d’Honneur, son organisation, ses conditions d’attribution, ainsi que la SMLH, ses missions, son organisation.

  1. Inauguration d’un square au nom d’une légionnaire héroïque

Résidente de Saint-Palais, Jacqueline Bidegorry, alors qu’elle n’avait que 18 ans, a fait partie, aux côtés de son père, d’un réseau de sauvetage et de résistance. Ce réseau avait été mis en place par le Père Jean Fleury et le Rabbin Elie Bloch pour aider les juifs du Camp de la route de Limoges ( à proximité de Poitiers) Près de 3000 internés y séjournaient dans des conditions atroces avant, pour beaucoup, d’être déportés. Le Père Fleury va trois fois par semaine dire la messe aux nomades, gitans et tziganes qui sont emprisonnés. La baraque chapelle étant contigüe au camp juif, il y passe souvent avec la complicité des gens du voyage et dans des conditions périlleuses. C’est Jacqueline Bidegorry qui transportait à bicyclette, au péril de sa vie les courriers, colis et faux papiers destinés aux juifs : elle les apportait jusqu’au camp et les remettait à un gardien complice qui les distribuait ensuite. Les juifs évadés étaient pris en charge par le réseau pour être convoyés vers des lieux sûrs. Jacqueline Bidegorry fera également de nombreux allers retours vers Lyon pour y emporter des faux papiers.

Heureusement, elle ne sera jamais inquiétée, sans doute, dit-elle, « parce que j’étais blonde aux yeux bleus ». Elle contribuera ainsi, par son action courageuse durant toutes ces années, à sauver la vie de nombreux juifs. Elle-même et son père recevront d’ailleurs en 2000 la reconnaissance de l’Etat d’Israël en étant nommés « Justes parmi les nations », hommage exceptionnel rendu à celles et ceux qui ont sauvé des juifs au péril de leur vie. Installée au Pays basque très vite après la fin de la seconde guerre mondiale, elle recevra en 2021, de la ville de Saint-Palais où elle est retirée, la première médaille d’honneur de la cité. L’année suivante, cette même commune a inauguré un square qui porte son nom. Bien entendu, le Comité était représenté par son Président à cet événement exceptionnel qui participe pleinement au devoir de mémoire et rend hommage au courage d’une personnalité héroïque dont l’engagement a valeur d’exemple.

  1. Organisation d’un concert caritatif

 

Cette opération, mise en œuvre en 2022 par le Comité dans le cadre de la commémoration du centenaire de la SMLH, est une initiative qui s’inscrit dans les orientations générales de celle-ci en termes de soutien aux jeunes et d’intergénérationnalité.

 

Elle a consisté à mettre sur pieds un concert caritatif (Récital de chants basques donné par le Chœur d’Hommes Nekez Ari en l’église de Saint-Jean-Pied-de-Port en mai 2022) et à en reverser le produit intégral à l’Association « du Pays Basque aux Grandes Ecoles ». Cette Association « Loi 1901 » et reconnue  d’utilité  publique  a  été  créée  en 2013 par des  anciens élèves du Lycée de Navarre pour aider les lycéens dans leur orientation « post-bac ». Elle avait en effet constaté qu’en dépit d’excellents résultats au baccalauréat et cohérents avec ce qui était observé au niveau national, les jeunes du Pays Basque étaient en proportion moins représentés dans les cursus de l’Enseignement Supérieur.

 

Forte aujourd’hui de plus de 300 membres, l’Association décline cet objectif central sous plusieurs angles :

  • Information dans les lycées partenaires ;
  • Accompagnement pratique ;
  • Attribution de bourses.

Bénéficiant en outre du partenariat de grandes entreprises et du Crédit Agricole, l’Association « Du Pays Basque Aux Grandes Ecoles » participe aussi à la promotion et au soutien de l’entreprenariat au Pays Basque :

  • Visite de découverte d’entreprises emblématiques locales ;
  • Témoignage d’entrepreneurs lors d’universités d’été ;
  • Mise en relations des diplômés avec les entreprises et les entrepreneurs (diffusion d’offre de stages et d’emplois…).

Par ce positionnement, l’association veut ainsi contribuer à fédérer lycéens, étudiants, diplômés et entrepreneurs en facilitant l’accès aux études supérieures d’élèves méritants. Cette ambition qui repose notamment sur un socle de valeurs telles que le soutien, l’entraide, l’accompagnement, l’égalité des jeunes s’inscrit assez naturellement dans les préoccupations de la SMLH.

Aussi le Comité Soule Basse Navarre a t’il considéré que dans le cadre des actions conduites par la SMLH pour son centenaire, il ne serait pas illégitime de soutenir l’association dont il s’agit par une manifestation dédiée.

C’est ainsi qu’est née l’idée du concert caritatif du 27 mai 2022 prochain dont le produit a été reversé à l’Association « Du Pays Basque Aux Grandes Ecoles »

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Ces trois exemples sont assez illustratifs du panel d’actions dans lesquelles un comité peut s’engager.

 

Les légionnaires en Soule et Basse Navarre

 

Le présent historial recense les légionnaires nés ou domiciliés depuis longtemps ou s’étant distingués en Soule et Basse Navarre entre 2014 et 2021. Il comporte environ 500 noms et une soixantaine d’entre eux font l’objet d’un développement complémentaire. Ces illustrations spécifiques ne prétendent pas à l’exhaustivité mais correspondent simplement à des parcours assez exceptionnels pour lesquels des informations suffisantes ont pu être mobilisées (presse locale, ouvrages historiques ou politiques, google…). Ils ne résument pas à eux seuls la Légion d’Honneur mais ils ont avant tout vocation à illustrer la grande diversité qui caractérise les légionnaires dans leurs formations, leurs parcours, leurs origines, leurs professions…Y figurent en effet des hommes, des femmes, des militaires, des civils, des fonctionnaires, des entrepreneurs, des agriculteurs, des personnalités issues des grandes écoles, d’autres issues de la promotion interne, vivants ou décédés.

Les textes qui suivent font le lien entre ces provinces basques de Soule et de Basse Navarre, leur histoire, leur économie, leurs traditions et ces décorés qui sont ainsi identifiés.

 

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Lorsqu’on consulte cet historial, on se rend compte immédiatement du nombre important de militaires qu’il comporte. Il représente en effet plus de 75 % des décorés. Il faut dire en effet que les basques dans leur ensemble et donc ceux de Soule et de Basse Navarre, ont payé un lourd tribut aux grands conflits qui ont marqué la France.

 

Les basques dans la guerre

  • La première guerre mondiale (Source Association Ikerzaleak)

On estime à environ 6 000 le nombre de soldats du Pays basque français morts au cours de la première guerre mondiale. Soule et Basse Navarre ont bien sûr participé à ce sacrifice à proportion de la population de ces deux provinces.

Cette guerre, qui a changé l’Europe, a également changé le Pays Basque, s’agissant en particulier de la distension des liens entre le Pays Basque français, profondément engagé dans la guerre et le Pays Basque espagnol, jugé plus épargné par la position de « neutralité » de l’Espagne. Mais s’il est certain que la guerre a contribué à fermer la frontière, les liens anciens entre Nord et Sud ne disparaitront pas pour autant. Les basques français ont en effet massivement répondu à l’appel à la mobilisation traduisant ainsi l’unité sacrée autour de leurs soldats, unité appuyée par l’église catholique, la presse, l’école, les élites locales.

L’engagement « basque » sera total et le sentiment d’unité nationale réel sur le terrain, dans les tranchées, dans le feu des combats. Les historiens n’hésitent pas à affirmer que l’intégration des basques à la France, commencée avec la Révolution, accentuée sous la IIIe République, se trouvera totalement réalisée en 1918.

Dans ce contexte, il n’est donc pas surprenant que notre « historial » soit fortement marqué par le conflit. Sur les 500 légionnaires de notre document, près de 60% ont en effet été nommés dans l’Ordre à ce titre.

Parmi eux, on peut citer, sans être exhaustif bien entendu, et pour les natifs de Soule et de Basse Navarre, Bernard Artigau, as de l’aviation, Jean-Pierre Biscay, blessé sur le front en 1918, militant actif puis responsable dans différentes associations d’anciens combattants,  Jean-Pîerre Brana, grand invalide, Maire de Bayonne, Bernard Delhom, dernier survivant de Verdun, Arnaud Etcheber, aumonier militaire, présent à Verdun et Craonne, Jean Iracabal, au parcours d’exception sur de nombreux théatres extérieurs (Tonkin, Madagascar, campagne de Chine…) et qui reprendra du service après retraite pour accepter un nouveau commandement lors de la bataille de la Marne, Henri Laborde Milaa, qui combattra à Verdun avant de prendre plus tard la responsabilité de la Société Générale d’Entreprises, la SGE, future Vinci, Pierre Miramont, grenadier d’élite, Jean Mondot, qui participera ensuite à deux autres campagnes, celles d’Orient et du Maroc, Pierre Moureu, au comportement exemplaire dans le conflit, grand joueur de rugby, Louis Paillade, engagé comme soldat mais devenu Lieutenant-Colonel, plusieurs fois blessé et cité à différentes reprises,

 

  • La seconde guerre mondiale

 

  • Le Pays basque sous l’occupation

Lors de la défaite de l’Armée française en 1940, les basques français incorporés ont connu un destin assez comparable à celui des autres combattants : arrestation, emprisonnement dans les camps, travaux forcés. Il y eut bien sûr quelques retours au pays mais ils ne furent pas nombreux. On estime à 5 000 environ le nombre de prisonniers basques français retenus en Allemagne dont une partie pour la Soule et la Basse Navarre.

En raison de l’éloignement du front, il n’y eut que peu de combats sur cette zone, au moins au début, mais elle fût occupée dès 1940, d’abord partiellement puis totalement à partir de 1942, la ligne de démarcation initiale entre zone libre (sous l’autorité du Gouvernement de Vichy) et zone occupée (sous administration allemande) ayant finalement été franchie par les allemands.

Les troupes ennemies, éloignées du front, étaient souvent en repos ou en réorganisation, et ne restaient jamais très longtemps dans le Pays basque. La traversée de la frontière entre la France et l’Espagne (déclarée neutre), devint ainsi une activité importante des mouvements de résistance (cf. les rubriques ci-dessous, résistance et évadés de France).

  • La résistance

Elle ne va pas s’organiser immédiatement car elle se heurte à des divisions internes. Toutefois, en Basse-Navarre, comme dans le Labourd, la résistance fournit une aide aux juifs et assiste les pilotes alliés abattus pour traverser la frontière franco-espagnole avec l’aide du clergé basque et des contrebandiers locaux. Résistants et passeurs vont alors s’organiser au sein du réseau Comète pour faciliter ces passages transfrontaliers. En Soule, le « maquis » s’est installé, facilité par la géographie en hauts-plateaux mais doit faire face aux actions anti-résistance menées par les allemands (arrestations, tortures, déportations….). Il faut également citer les actions conduites par les unités du Corps Franc Pommiès qui opérera dans la clandestinité et le maquis jusqu’en 1944 : sabotage, harcèlement, chasse à la Gestapo.

Se sont illustrés à ce titre, Jacqueline Bidegorry, juste parmi les nations qui a contribué à sauver de nombreux juifs, Jean-Pierre Brana, Maire de Bayonne, grand blessé de la première guerre mondiale, Etienne Cabillon, proviseur et membre du réseau Talence qui a aidé les aviateurs alliés à passer en Espagne ou Jean-Etienne Camy-Peyret, instituteur et membre des FFI.

  • Les évadés de France par l’Espagne

Après l’appel du Général de Gaulle en juin 1940, beaucoup de français tentèrent de rejoindre la Grande Bretagne par tous les moyens. Seul un petit nombre y parvint mais beaucoup durent attendre et subir l’occupation allemande.

 Une opportunité se présenta toutefois après le débarquement allié au Maroc et en Algérie en novembre 1942. Aidés de la colonne Leclerc venue du Tchad, de l’Armée d’Afrique et des français d’Algérie, ils forcèrent les troupes du Général Rommel à rembarquer, rendant alors possible aux français de rejoindre les armées françaises d’Afrique du Nord.

En 1943, 20 000 hommes tentèrent l’aventure en passant par les Pyrénées. Les basques, occupés à l’époque, étaient au plus proche et beaucoup firent partie de ces « évadés de France ». Une fois franchies les Pyrénées, la liberté n’était pas gagnée pour autant car les troupes de Franco emprisonnaient les évadés dans des prisons de sinistre réputation telles que Miranda ou Totana. Il ne s’agissait pas de camps d’extermination mais les conditions de détention étaient telles que beaucoup y périrent ou y contactèrent de graves maladies.

Heureusement, les autorités d’Alger réussirent à installer une Croix Rouge en Espagne. Grâce à elle, des transferts purent aboutir vers le Maroc, permettant aux évadés concernés de rejoindre ensuite la Grande Bretagne et de prendre activement part aux combats jusqu’à la libération.

Pierre Landabourou et Arnaud Mazain furent de ceux-là.

  • La libération

En 1942, les Allemands occupent la totalité du Pays Basque. L’occupation prendra fin en 1944 après le retrait définitif des armées ennemies devant les offensives des troupes alliées. Avec leur bataillon Gernika, les basques évacués lors de l’ultime étape du front nord de la guerre civile espagnole rejoindront les alliés et joueront un rôle essentiel dans la bataille de la pointe de Grave, en Gironde. Cette même année en Soule, le maquis et les unités du Corps Franc Pommiès prendront une part importante à la libération de Mauléon et Tardets. Georges Recalt sera sévèrement blessé dans cette opération.

Sur l’engagement des basques dans la seconde guerre mondiale, le Général de Gaulle fera cette déclaration : « la France n’oubliera jamais le sacrifice des Basques pour la libération de notre terre ».

 

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Au-delà de ces événements qui ont concerné directement le Pays Basque, d’autres personnalités originaires de la région ont joué un rôle important dans les combats de la seconde guerre mondiale : le Général Louis Baratchart avec la 2e Division Blindée, Sauveur Etchecopar , dans cette même unité et présent par ailleurs sur de nombreux théatres d’opérations extérieurs, Xavier d’Iribarne qui s’illustrera sur le front à la tête d’un bataillon de chars avant de faire une brillante carrière dans l’industrie aéronautique chez Dassault.

  • La guerre d’Algérie

Ce conflit, qui s’est déroulé entre 1954 et 1962, s’est achevé par la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet 1962. Au niveau national, on considère que près de 1,5 millions d’appelés ont été envoyés en Algérie. 25 000 y ont perdu la vie et parmi ceux-ci, le nombre de combattants basques morts au combat le plus fréquemment évoqué ressort à 105. Une partie d’entre eux bien sûr venait de la Soule et de la Basse Navarre.

La plupart des appelés avaient 20 ans quand ils ont été mobilisés et ils sont partis pour 18 à 28 voire 30 mois. Pour eux, le passage de la vie d’adolescent à celle d’adulte a été terrible, comme la première confrontation avec la violence des affrontements.

Ceux qui en sont revenus et sont encore de ce monde sont frappés par l’émotion à l’évocation des affrontements et racontent leur traumatisme durable longtemps après leur retour au pays. Beaucoup se sont longtemps murés dans le silence avec leurs proches à la seule idée de raviver des souvenirs éprouvants ou d’évoquer des images parfois insoutenables.

Ont notamment traversé ces évènements, Albert Aguerrebere, longtemps porte drapeau du Comité, Arnaud Dascon, personnalité reconnue du monde agricole, Roger Joseph, médecin militaire, Président du Comité Soule Basse Navarre Dominique Maillebiau, parachutiste, plusieurs fois cité et décoré « au péril de la vie », porte-drapeau, Pierre Mériot, officier des équipages, plusieurs citations également.

 

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Difficile de conclure ce chapitre des basques dans la guerre sans évoquer d’une part la Guerre de Corée où Célestin Coyos, prêtre, sera emprisonné puis emmené vers la Corée du Nord dans l’inhumain cortège d’une sinistre «  marche à la mort » dont il sera l’unique survivant, d’autre part la guerre d’Indochine dans laquelle s’illustreront le Général Louis Baratchart, déjà évoqué ci-avant au titre de la seconde guerre mondiale, Jean Iracabal, présent sur de nombreux théatres extérieurs (Tonkin, Soudan, campagne de Chine, Madagascar …), Albert Lejuez, caporal-chef, voltigeur d’élite, plusieurs fois cité pour son sang froid et son courage et Jean Baptiste Urrutia, missionnaire, Vicaire Général de Hué qui assumera son épiscopat dans l’insécurité du partage conflictuel de de la province de Hué entre Nord-Vietnam et Sud-Vietnam.

 

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  • Les légionnaires dans l’espace économique local

Quand on s’intéresse maintenant aux décorés non militaires, on découvre le rôle qu’ils ont joué et jouent encore dans la modernisation de l’espace local et dans la construction de ce que sont aujourd’hui la Soule et la Basse Navarre.

  • Agriculture et élevage

Territoires montagneux aux vallées profondes et souvent encaissées, ces deux provinces se sont longtemps caractérisées par une agriculture traditionnelle aux conditions d’exercice difficiles dans le cadre d’exploitations de taille modeste. Manque de mécanisation, équipements en eau et en électricité très insuffisants ne permettent pas aux agriculteurs de lutter efficacement contre la concurrence. C’est l’époque où les communes se vident, les jeunes partant faire leurs études à l’extérieur.

Mais progressivement et sous l’action déterminante de plusieurs personnalités, l’agriculture va se moderniser, se structurer, se diversifier, dans les techniques, les méthodes, les organisations, ce qui va stopper inéluctablement le déclin rural.

S’il est difficile d’énumérer tous ceux qui ont contribué à ce redressement, on peut affirmer sans conteste que nombre de légionnaires, hommes politiques ou professionnels militants, y figurent.

Au rang des personnalités politiques, on citera ainsi, Franz Dubosq, Maire, Conseiller municipal, Député, Sénateur, grand contributeur à la modernisation du monde rural, co-fondateur de la grande coopérative agricole basque « Lur Berri », Président de la Commission Syndicale de la Soule, et Jean Errecart, sur la Basse Navarre, au parcours politique similaire, lui aussi artisan de la création de Lur Berri, et qui jouera un rôle déterminant dans la modernisation de son canton (SIVOM, création de syndicats d’équipement en eau, en électricité, d’un lycée agricole…..).

Parallèlement et dans le cadre de la modernisation des professions, Arnaud Dascon, éleveur, va s’intéresser aux techniques de sélection génétique sur des critères laitiers, co-fondera le Centre départemental de l’Elevage ovin et présidera la Coopérative Ovine du Sud-Ouest, tandis que Jean-Jacques Etchebarne, venu du monde agricole lui aussi, prendra la Direction de l’Association Générale des producteurs de Maïs et la Présidence de la Fédération Nationale de la Production des Semences de Maïs et de Sorgho.

Dans le domaine de l’agro-alimentaire, les productions ont longtemps été peu ou mal mises en valeur. Progressivement toutefois, la priorité est donnée à la recherche de la qualité et à une diversification raisonnée. Cette stratégie s’avérera gagnante puisque nombre de produits locaux sont aujourd’hui labellisés et couronnés de prix dans les différents concours.

 

Ainsi, dans le domaine de l’aquaculture, Jean Harrispe met en place un cahier des charges applicable à toutes les piscicultures du Pays basque afin d’harmoniser sur ce territoire la qualité des truites élevées dans les différentes vallées. Pierre Oteiza, éleveur, va réintroduire dans les Aldudes une race de porcs en voie d’extinction, le porc pie noir du Pays Basque, à la qualité de viande exceptionnelle. Le pari sera gagnant et l’exploitation connaîtra un essor fulgurant, dans une démarche écoresponsable, les produits se vendant aussi bien à l’exportation que sur le territoire national dans un réseau de magasins important. Dans une démarche comparable, Maïté Loyatho-Charriton, produit dans sa ferme Elizaldia, à partir de deux races de porc sélectionnées, une charcuterie reconnue et des jambons primés, distribués sur des marchés locaux et dans 6 magasins de producteurs, en intégrant les enjeux climatiques et ceux du bien-être animal.

  • Industrie

Au Pays Basque, l’un des piliers de l’industrie réside dans l’aéronautique. Elle y a pris son essor au lendemain de la Première Guerre Mondiale avec l’installation d’entreprises de renom telles que Dassault et Turboméca. Elles ont fait naître dans leur sillage un réseau de sous-traitance dans tout le Pays Basque, Artzainak et Lophitz à Mauléon, en Soule, Lauak, à Hasparren, dans le Labourd.

Selon les informations de son site internet, cette entreprise (dont l’un des co-gérants est légionnaire), est une entreprise de sous-traitance aéronautique créée en 1975 et fournit des pièces aux avionneurs et grands donneurs d’ordre aéronautiques les plus prestigieux (Dassault, Airbus, Safran...). Compétent dans un faisceau d’activités (tôlerie, formage à chaud, mécano-soudure, assemblage, usinage…) le Groupe est présent en France (plusieurs sites) et à l’étranger (Portugal, Canada, Inde, Mexique…).

Bien entendu, l’activité industrielle ne se limite pas à ce seul secteur important de l’aéronautique. On pourrait citer aussi MFA (Matérie Ferroviaire d’Arbérats) en Basse Navarre. D’autres secteurs sont également représentés mais souvent sur la Côte Basque.

Dans le secteur du BTP, la SA Etchart, sous l’impulsion de son créateur Bernard Etchart, maçon de formation, s’est développée par croissance externe pour devenir le Groupe Etchart. Ce groupe, dont la direction a intégré les enfants du fondateur, atteint aujourd’hui un effectif d’un peu moins de 2000 employés et intervient dans de nombreux secteurs : construction, énergie, travaux publics, distribution de matériaux et préfabrication, industrie de matériaux et revalorisation, service aux collectivités locales.

Il ne faut pas oublier enfin une activité artisanale, la fabrication du linge basque (« qui peut durer cent ans » selon certaines publicités), qui a fait et fait encore la réputation de la région par sa qualité, sa robustesse et sa durabilité. La tradition remonte au moyen-âge lorsque, grâce à la culture du lin, des centaines de famille confectionnaient des tissus à sept bandes bleues et rouges. Aujourd’hui, quelques enseignes perpétuent ce savoir-faire : Lartigue, Artiga, Jean-Vier et d’autres encore, qui ont modernisé fabrications et décors.

Parmi les personnalités ayant marqué ce secteur d’activité, il faut citer Alexis Constantin, médecin de l’Assistance publique et élu local qui a également dirigé une importante usine de linge basque. Il en a défendu les secrets de fabrication et a eu une influence importante dans l’essor commercial de la région sur cette spécialité dont la qualité reste aujourd’hui reconnue.

Au-delà de ces différents fleurons du Pays basque, d’autres décorés nés en Soule et en Basse Navarre ont marqué de leur empreinte le monde industriel.

 

Il en est ainsi de :

  • Guy Brana, ancien élève de polytechnique, qui a effectué une brillante carrière dans les Aciéries d’Ugine, à Thomson Brandt et Fibres optiques Industries d’une part, occupé différentes fonctions dirigeantes dans les instances patronales (CNPF en particulier) d’autre part ;

 

  • Xavier d’Iribarne, centralien qui, après la seconde guerre mondiale, rejoindra la Société Nationale des Constructions Aéronautiques du Sud-Ouest (la SNCASO) puis les avions Dassault où il sera chargé de la coordination des programmes Mirage III et IV, Alpha Jet, Etendard et Super Etendard, Mercure et Mirage 2000 ;

 

  • Henri Laborde Milaa, ancien élève de polytechnique, qui, après la première guerre mondiale, intégrera la Société Générale d’Entreprises (SGE), groupe de construction et de services associés (qui deviendra Vinci en 2000) et dans lequel il connaîtra une belle ascension jusqu’à en devenir le Président

 

  • Activités bancaires

Difficile bien sûr d’évoquer toutes ces activités économiques sans parler de leurs moyens de financement. Ils sont évidemment nombreux et classiques mais un nom est indiscutablement indissociable de la banque au Pays Basque, c’est celui de la famille Inchauspé dont Louis et son fils Michel, tous deux hommes politiques, sont les représentants honorés dans notre Ordre National.

Le premier est à l’origine du développement des activités bancaires au sein de l’entreprise familiale de négoce de produits textiles en créant le premier guichet de banque avec comptoir qui donnera naissance à la Banque Veuve Léon Inchauspé et Cie, deviendra la Banque Inchauspé et Cie et sera rachetée par la Caisse d’Epargne des Pays de l’Adour.

Le second fondera la BAMI, la Banque Auxiliaire Michel Inchauspé, bien représentée au Pays Basque mais qui possède des agences dans d’autres départements, devenue aujourd’hui la Banque Michel Inchauspé.

La Bami se positionne comme une banque de proximité, contribuant au financement des PME et PMI locales.

 

  • Les légionnaires dans l’espace culturel local

Le Pays Basque français est un territoire à l’identité culturelle marquée. Il n’est donc pas surprenant de trouver présents dans notre historial des légionnaires sur plusieurs des facteurs identitaires et des particularités qui caractérisent ce territoire.

  • La langue basque

La langue basque, « l’Euskara », est l’une des composantes essentielles de la culture basque. Historiquement, est basque celui qui parle l’euskara. Son origine fait l’objet de théories diverses mais il est certain que c’est une véritable langue, avec conjugaisons, déclinaisons et structures grammaticales, parlée par une part importante de la population, les anciens notamment.

Mais de nombreuses associations militent en faveur de la sauvegarde et de la transmission de la langue. Beaucoup d’établissements scolaires dispensent ainsi à cet effet un enseignement bilingue. Il en est ainsi des « ikastolak », écoles basques de statut associatif, qui scolarisent les enfants de la maternelle au lycée et où l’enseignement est majoritairement pratiqué en basque.

Il existe d’ailleurs une Académie de la Langue Basque, créée en 1918. Institution officielle, elle se consacre à la défense de cette langue.

Parmi les défenseurs de la langue et plus généralement de la culture basque qui figurent dans notre historial, on peut citer un membre de cette Académie, Pierre Narbaitz. Homme d’église, Vicaire général de Bayonne, grand connaisseur du Pays basque et de sa langue, il a écrit de nombreux ouvrages, religieux, historiques, culturels en basque, parmi lesquels figure « Une histoire du Peuple Basque ». Par ces travaux, il fait partie de ces historiens qui auront contribué à révéler l’histoire du Pays Basque.

Autre défenseur de la culture basque et de sa langue que Pierre Bidart, professeur d’université, anthropologue. Il a travaillé sur des thématiques comme le rapport au patrimoine, tant national que régional et publié divers ouvrages sur la culture basque, tels que « la singularité basque » ou le « sanglier de feu » qu’il s’apprêtait à publier à la veille de sa mort.

  • Le chant basque

Autres piliers de la culture basque, le chant, les chœurs font partie de la tradition chez les basques, « ce petit peuple qui chante et danse au pied des Pyrénées », comme l’écrivait Voltaire. Il faut avoir entendu les voix basques chanter à l’unisson dans une église pour comprendre l’effet et le ressenti émotionnel sur le spectateur. On compte environ 80 chœurs dans le pays basque français, chœurs d’hommes, chœurs de femmes, chœurs mixtes.

Et ces chœurs, lorsqu’ils entonnent les chants traditionnels, sont capables d’exprimer toutes les émotions, d’aborder tous les événements de la vie, gais ou tristes : la fête, l’amour, l’éloignement, la terre natale, la mort, le respect, l’attachement au pays, la montagne…Ils font le bonheur des habitants comme des touristes mais se produisent aussi dans toutes les régions de France où l’on pratique le chant choral, mais également à l’étranger (pays de l’est, Pays de Galles, Ecosse…)

François Maïtia, plusieurs fois maire, conseiller général et conseiller régional, est aujourd’hui retiré de la vie politique. Et s’il reste encore engagé dans la vie associative, il se consacre aussi à l’une de ses passions, le chant basque précisément, qu’il pratique régulièrement au sein d’une des grandes chorales de Basse Navarre, le chœur d’hommes Nekez Ari.

  • Le Pays Basque, terre de sportifs

Lorsqu’on évoque la pratique du sport au Pays Basque, le premier qui vient à l’esprit est évidemment la pelote basque, indissociable de la culture basque.

La pelote est un jeu universel qui vient d’autres civilisations très anciennes. La pelote basque s’inspire plus directement du jeu de paume, auquel les basques ont apporté de nombreuses modifications en créant parallèlement beaucoup de spécificités pour en faire un de leurs piliers culturels.

 

En effet, l’appellation générique « pelote basque » recouvre en fait plus de vingt spécialités qui diffèrent notamment par :

 

  • L’instrument de jeu utilisé : la main nue (pratique la plus ancienne et souvent considérée comme la plus noble), la raquette en bois (pala ou paleta), le gant en osier (petit ou grand chistera) qui a la forme d’une sorte de panier fixé à la main du joueur, la raquette argentine (dont le tamis est souple), spécialité dans laquelle la pelote n’est pas frappée mais relancée par la raquette ;

          (ci-dessus photo d’un grand chistera)                                                             

 

 Pelote
  • L’aire de jeu (la cancha) : le fronton, mur sur lequel rebondit la pelote (la plupart des communes du Pays basque sont équipées d’un tel fronton) devant lequel se trouve l’aire de jeu, délimitée par des lignes blanches (c’est l’installation la plus fréquemment rencontrée), le trinquet, terrain couvert et fermé, qui consiste en un bâtiment rectangulaire comportant 4 murs équipés de pans coupés à droite et à gauche, d’un trou pyramidal sur le mur frontal et autres équipements qui rendent les rebonds imprévisibles ;

 

  • Le nombre de joueurs (qui diffèrent selon les spécialités) entre 2 (tête à tête) et 10 en deux équipes de 2, 3, 4 ou 5 joueurs ;

 

  • La spécialité elle-même : la main nue (en tête à tête ou avec deux équipes de 2), le joko garbi (petit gant en basque) qui se pratique en deux équipes de 3 et où les joueurs utilisent une petite chistera, le grand chistera (deux équipes de deux) sur fronton, la cesta punta avec le même instrument mais avec mur à gauche, la pala raquette en bois) qui se pratique plutôt en structure couverte, en tête à tête ou à 2 contre 2, la raquette argentine, en trinquet et à 2 contre 2, le rebot, qui oppose deux équipes de 5, se pratique avec gants ou petite chistera et se joue sur une aire où deux frontons se font face.

Il n’est de ce fait pas surprenant qu’au-delà des grands joueurs que le Pays Basque a régulièrement produits, plusieurs personnalités ont marqué l’organisation des instances comme la mise en place d’installations de pointe.

Il en est ainsi de la création des fédérations nationale et internationale de pelote basque.

Avant 1914, l’Union des Sociétés françaises des Sports Athlétiques a souhaité placer la pelote basque au même rang que les autres disciplines sportives. C’est ainsi qu’est né l’idée de créer une Fédération Française de Pelote Basque. Entérinée après le Congrès des Pilotaris de Pau en 1912, l’idée s’est trouvée de fait mise en sommeil en raison de la Première Guerre Mondiale. Elle a rejailli après l’armistice sous l’impulsion de Jean Ybarnegaray, avocat et homme politique, qui emporta l’adhésion de tous sur le projet. C’est ainsi que naquit la Fédération Française de Pelote basque en 1921 et ce fut la première fédération au monde pour ce sport. Jean Ybarnegaray en devint le 1er Président.

D’autres pays (dont ceux ayant connu une forte immigration basque), pratiquant ce sport, adoptèrent alors l’exemple de la France dans les années qui suivirent au point que la nécessité d’une Fédération internationale de Pelote Basque s’imposa logiquement et rapidement.

Sous l’impulsion du même Jean Ybarnegaray, elle fut créée en 1929 et la première présidence lui en fut confiée. Aujourd’hui, plus d’une trentaine de pays y sont affiliés.

S’agissant des installations dédiées à la pratique de la pelote basque, il faut citer, parmi les décorés de notre historial, le nom de Jean-Baptiste Saint-Jayme, éleveur, homme politique. Il a doté la ville de Saint-Palais d’un trinquet moderne et original par la charpente édifiée à partir de plans de Gustave Effel. Ce trinquet porte le nom de l’intéressé dont la contribution à ce sport emblématique du Pays Basque lui a valu d’être nommé Président d’Honneur à vie de la Fédération Française de Pelote Basque.

 

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Sans être aussi intimement lié au Pays Basque que ne l’est la pelote, le rugby n’en occupe pas moins une place importante dans la culture sportive basque, en raison notamment des valeurs d’effort, de solidarité et de convivialité qui lui sont attachées. Au-delà des grands figures (Biarritz Olympique et Aviron Bayonnais), il existe au sein du pays une multitude de clubs plus modestes qui permettent au Pays Basque d’afficher le ratio pratiquants/habitants le plus élevé.

Le Pays Basque a donc fort logiquement produit des joueurs reconnus dont beaucoup ont évolué en équipe de France (Pierre Dospital ou  Imanol Harinordoquy par exemple).

Il n’est donc pas surprenant d’en trouver dans notre historial comme il n’est pas surprenant d’en trouver dans les instances fédérales. Il en est ainsi de : 

  • Pierre Camou, grande figure de l’ovalie, qui fut Président de la Fédération Française de Rugby entre 2008 et 2016. Au cours de sa double présidence, le rugby hexagonal connaîtra un essor important tant en nombre de clubs que de licenciés et des résultats de haute qualité (l’équipe de France remportera un grand chelem dans le tournoi des six nations et sera finaliste de la coupe du monde ;
  • Adolphe Jauréguy, qui s’illustrera comme joueur dans 9 clubs différents (dont Toulouse et le Racing) et au niveau international (membre et capitaine de l’équipe de France : 31 sélections et 13 capitanats). Il fera également partie des instances du rugby, comme Vice-Président Délégué de la Fédération Française et Président de la Commission de Sélection Nationale ;
  • Pierre Moureu, qui a évolué comme joueur au plus haut niveau (Béziers, Stade Français) et sera sélectionné 17 fois en équipe de France.

 

Les femmes dans l’espace local

Cette présentation de l’espace local et de la place qu’y ont occupé les légionnaires, de l’influence déterminante qu’ils ont pu avoir sur les événements et sur l’évolution de cet espace local, les deux provinces basques de la Soule et la Basse Navarre, ne saurait s’achever sans une évocation de l’action des femmes sur la période concernée.

Sur les quelque 500 noms qui composent notre historial, 17 femmes ont été nommées dans l’ordre depuis 1914. Les deux premières en 1932 et 1937, six entre 1976 et 1996, neuf après 2000. Ces chiffres parlent d’eux-mêmes sur le chemin restant à parcourir.

Dans des domaines très différents, quatre parcours féminins parmi ceux mis en avant dans le présent historial sont à souligner :

  • Marie-Josèphe de Beauregard : juriste de formation, elle va engager une carrière dans la justice, puis s’orientera vers le journalisme avant de se lancer dans l’aviation. Consciente de l’isolement des aviatrices françaises dans ce domaine, elle va créer puis présider l’Association des Pilotes Françaises (APF) et militera dans cette association pour leur reconnaissance pleine et entière. Elle obtiendra très vite l’ouverture aux femmes du concours d’entrée à l’ENAC, ce qui tracera leur chemin vers Air France, l’aviation militaire, la Patrouille de France.. ; 
  • Jacqueline Bidegorry : reconnue « juste parmi les nations » par l’Etat d’Israël, elle a contribué à sauver la vie de nombreux juifs pendant la seconde guerre mondiale en acheminant à bicyclette colis, papiers et courrier vers le camp d’internement voisin. Elle avait 18 ans lorsqu’elle s’engagea aux côtés de son père dans la résistance. Par miracle, elle ne fut jamais inquiétée ; 
  • Gracieuse Lacoste : issue de l’Ecole de la Magistrature (ENM), Gracieuse Lacoste a fait une brillante carrière dans la justice. Juge d’instance à Pau puis Biarritz, Présidente de chambre au TGI de Bayonne, Conseillère à la Cour d’Appel de Pau, Présidente de la Cour d’Assises des Landes, Présidente du TGI de Poitiers, Conseillère à la Cour de Cassation, Première Présidente de la Cour d’Appel de Bordeaux, Gracieuse Lacoste sera également membre du Conseil Supérieur de la Magistrature et effectuera de nombreuses missions de coopération en Amérique Centrale et en Amérique Latine ; 
  • Maïté Loyatho-Charritton : éleveurs de porcs au départ, Maïté Loyatho et son mari ont décidé de transformer et commercialiser directement leurs porcs. Produisant dans leur ferme Elizaldia une charcuterie de qualité et des jambons régulièrement primés, l’entreprise est présente sur une douzaine de marchés au Pays Basque et a créé 6 magasins de producteurs ; Forte de 50 employés, elle se modernise en permanence dans une appoche éco responsable.

 

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Ces quelques pages ne prétendent pas à l’exhaustivité tant le sujet des légionnaires dans l’espace local est vaste et polymorphe. Cyrano de Bergerac aurait sans doute affirmé avec beaucoup d’à-propos que le présent texte est un peu court et qu’il eût été facile de dire bien d’autres choses encore. Mais il fallait bien choisir des noms, des critères, des thématiques en adéquation avec les spécificités de l’espace considéré, les deux provinces basques de la Soule et de la Basse Navarre. Ces choix n’enlèvent rien au mérite de toutes celles et tous ceux qui figurent dans cet historial de près de 500 noms et qui, à un titre ou à un autre, et d’une manière ou d’une autre, ont rendu d’éminents services à notre pays.

 

Réunions

Merci de contacter le président de comité pour connaitre la programmation actualisée des réunions.

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